L'origine du métier remonte au moins au début du XVII° siècle où, d'après un document de 1619, une famille de Grézieu blanchissait le linge de communautés religieuses.
Les raisons de ce développement sont diverses. Les autochtones étaient surtout des paysans ou des laboureurs qui vivaient difficilement sur des petits lopins de terre pauvre et avaient des difficultés pour joindre les 2 bouts. Aussi, vers 1765, suite à la remise en état de la voie romaine qui traversait Grézieu-la-Varenne, une activité est apparue, intimement liée à celle du blanchissage et souvent complémentaire.
Il s'agit de celle des nourrices. Grézieu est un lieu venté, où l'air est bon (moins humide qu'à Lyon) et recommandé pour les nourrissons. A l'époque, les femmes de bourgeois et d'aristocrates ne craignent pas d'avoir des enfants. Mais, ne veulent pas les allaiter afin de ne pas abîmer leur poitrine.
Puis, chez les artisans, les commerçants et les patrons d'atelier de soierie, les femmes n'ont pas le temps de s'occuper des enfants et les placent en nourrice dans l'ouest lyonnais. Ces relations créèrent des liens et, petit à petit, lors des visites à leur progéniture, les parents apportaient leur linge à laver.
A Grézieu, il y avait trois rivières, l'Yzeron, le Ratier ou le Ponterle et la Chaudanne où l'eau était abondante et douce (peu calcaire) permettant de faire mousser le savon, facilitant le décrassage et donnant de la douceur au toucher.
Les familles de blanchisseurs y construisirent des "Plates" (lavoirs), vers des endroits faciles d'accès et d'utilisation du courant. Lors des successions, on retrouve dans les terriers ou minutes, une servitude d'utilisation de ces plates, "du lever au coucher du soleil" selon un calendrier bien établi. Le linge était essangé, décrassé, lavé, rincé, pressé et ramené à la maison pour être étendu sur des cordeaux ou des haies. Par temps de brouillard, il fallait monter sécher le linge au col de la luère ou bien l'étendre sur les branches dans les greniers.
Plus tard, les plates étaient érigées contre la maison d'habitation et approvisionnées en eau par les boutasses (ou serves) du fait de la récupération de l'eau de pluie, les puits et enfin par l'eau du Rhône ou du Garon.
La maison du blanchisseur était construite en pisé suivant un plan identique, rectangulaire ou en L avec un escalier central en pierre. Au rez-de-chaussée il y avait d'un côté, la cuisine et de l'autre, la lingerie.
Au premier étage se trouvaient les chambres et au second, les séchoirs et les greniers. A côté, la plate avait toujours des verrières verticales (éclairage naturel avant l'électrification) et des châssis ouvrant sur le toit (aération, ventilation).
Il y avait souvent une écurie pour le cheval (livraison avec le break, labourage de la terre et de la vigne...) et aussi pour les vaches et les moutons (ils broutent l'herbe sous les étendages et ne touchent pas au linge).Dans la cour ou vers le jardin se trouvaient une boutasse. Chaque maison possédait encore un clapier, un poulailler, quelques cabanes pour élever un cochon ou stocker du coke et du charbon.
Citons certains chiffres qui montrent l'évolution du métier de blanchisseur : vers 1700-1750, l'activité apparaît sur les registres paroissiaux et on recense officiellement à Grézieu blanchisseur en 1830, 3 en 1830, 15 en 1841 (après la séparation avec Craponne), 87 en 1911, 64 en 1941, 61 en 1953, 25 en 1971, 4 en 1988 et 0 en 2004.